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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/357

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Au fond de votre cœur cherchez votre réponse,
Et non pas dans des yeux un peu trop prévenus.

Le Marquis.

C’est à vous l’un & l’autre à régler sa fortune.
Je ne sçais point blâmer la générosité.

Mr. Argant.

La générosité ! Mais ce n’en est point une ;
Ce que j’exige ici n’est que de l’équité.

Le Marquis.

De ces distinctions je vous laisse le maître.
Quant à moi, j’ai, Monsieur, un trop profond respect
Pour donner des avis à ceux qui m’ont fait naître.

Mr. Argant.

Tant de ménagement vous rend un peu suspect.

Le Marquis.

Ce n’est pas qu’une sœur, que je n’ai jamais vûe,
Ne m’intéresse aussi. Vous n’avez pas besoin
De me piquer d’honneur. Le sang parle de loin :
Mais…

Mr. Argant.

Mais…Eh ! bien, quelle est donc cette crainte imprévue ?
Daigneriez-vous m’en éclaircir ?

Le Marquis.

Quand vous me demandez à moi mon entremise…
Et… si j’ai le malheur de ne pas réussir,
D’échouer dans cette entreprise,
Eh ! bien, vous m’en accuserez.
Qu’en arrivera-t-il ? Que vous me haïrez.
Cette affaire est trop délicate.