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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/385

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Et ma tante elle-même, avec la dureté
La plus grande & la plus cruelle,
Vient de me chasser de chez elle.
Elle a poussé la cruauté
Jusques à me défendre à jamais sa présence.

Mr. Argant.

D’où pourroit lui venir un courroux si soudain ?

Marianne.

Et moi, toute éperdue, examinant en vain
Ma triste & timide innocence,
Je suis venue ici ; j’ai trouvé votre fils,
Qui m’a dit quelques mots, où je n’ai rien compris.
À peine il m’a laissée incertaine & flottante,
Au milieu de mon trouble & du plus grand effroi,
Qu’alors on est venu m’avertir que ma tante,
Toujours de plus en plus en courroux contre moi,
Veut se débarrasser de ma vûe importune,
Et me faire enlever.

Mr. Argant.

Et me faire enlever.Ah ! tout est découvert ;
Un indiscret ami nous perd :
Elle sçait tout.

Marianne.

Elle sçait tout.Quoi donc ?

Mr. Argant.

Elle sçait tout.Quoi donc ?Grand dieu ! quelle infortune !
Mon secret est trahi.

Marianne.

Mon secret est trahi.Quel est donc ce regret ?