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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/384

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Ne me les laissez pas ignorer davantage ;
Innocente, ou coupable, instruisez-moi de tout.

Mr. Argant.

De quoi ?

Marianne.

De quoi ?Cette infortune est réelle & publique.

Mr. Argant.

C’est une énigme obscure, ou plutôt chimérique,
Dont je ne puis venir à bout.
Je ne te connois point de nouvelle infortune.

Marianne.

Ah ! vous dissimulez.

Mr. Argant.

Ah ! vous dissimulez.Non, je n’en sçache aucune.

Marianne.

Pourquoi donc, à présent, attiré-je les yeux
De tout ce qui nous environne ?
D’où viennent ces regards furtifs & curieux
Qu’on attache en secret sur toute ma personne ?

Mr. Argant.

Eh ! mais, tout cela vient du plaisir de te voir ;
C’est qu’ici tout le monde t’aime.

Marianne.

Quoi donc ! ai-je changé ? Ne suis-je plus la même ?
Ils ont d’autres motifs que je ne puis sçavoir.
Et par quelle aventure, à nulle autre pareille,
N’est-ce que d’aujourd’hui qu’on m’examine ainsi ;
Et qu’en me regardant tout le monde d’ici
Sourit avec malice, & se parle à l’oreille ?