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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/394

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Avec indignité ma tendresse est trahie.
Ai-je assez de sujets de me désespérer ?
L’objet dont je n’étois que trop préoccupée,
Que j’aimois du plus tendre, ou du plus fol amour,
Mon fils… Ce n’est qu’un fourbe. Il m’a toujours trompée.
Sa perfidie enfin éclate au plus grand jour.
Ce qui vient d’arriver ne m’en laisse aucun doute.
Je faisois tout pour lui : Rosette, tu le sçais ;
Et je craignois toujours de n’en pas faire assez.
J’aurois donné mon sang jusqu’à la moindre goutte
Pour assurer le sort, la fortune & l’état
Du cruel qui m’a fait l’offense la plus noire.
Une famille illustre ouvroit à cet ingrat
Le chemin le plus sûr qui conduit à la gloire ;
Dans leur sein, dans leurs bras il alloit être admis ;
Il alloit devenir leur plus chere espérance,
L’objet de tous leurs soins. Ah ! quelle différence !
Ils vont être à jamais ses plus grands ennemis.

Rosette.

Auroit-il refusé cette grande alliance ?

Mad. Argant.

Apprends comment il s’est perdu.
Nous étions assemblés ; il étoit attendu.
Moi-même j’aspirois, avec impatience,
Au plaisir de le voir, de jouir des effets
Que devoit produire sa vue.
Je comptois les momens… Attente superflue !
Au mépris des sermens que le traître m’a faits