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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/410

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Mad. Argant.

Il n’auroit pas parlé de même en ta faveur.

Marianne.

Il m’aimera… craignez l’effet de sa douleur,
Et de son désespoir extrême.

Mad. Argant.

Qui me garantira ce retour sur lui-même ?

Marianne.

Sa faute & ses remords.

Mad. Argant.

Sa faute & ses remords.Tu m’imposes la loi.
Puisse ce malheureux te prendre pour exemple !
Mais avant qu’un pardon plus ample
Lui fasse partager ma tendresse avec toi,
Je veux d’un œil sévere observer sa conduite.
L’ingrat, jusqu’à ce jour, ne m’a que trop séduite.
(à Doligni fils.)
Vous, recevez ma fille & vivez avec nous :
Je ne puis me résoudre à me séparer d’elle ;
C’est la condition que j’exige de vous.

Doligni fils.

C’est rendre encor plus chere une union si belle.

Mr. Argant.

Enfin, vous me voyez au comble de mes vœux.
En aimant ses enfans, c’est soi-même qu’on aime ;
Mais, pour jouir d’un sort parfaitement heureux,
Il faut s’en faire aimer de même.
Comptez qu’on ne parvient à ce bonheur suprême,
Qu’en partageant son ame également entr’eux.