Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/186

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Propre pour la dévotion,
De ce triste temps de carême ;
Ce temps où chacun, le teint blême,
Le cœur contrit, les yeux en pleurs,
Cherche la peine et les douleurs.
Baiser, aux âmes salutaire,
Plus que jeûner et porter haire ;
Baiser, devant Dieu précieux,
Tu conduirois Hortense aux cieux,
Et l’établirois dans la gloire,
Sans passer par le purgatoire.
Qu’à la Trappe, des réformés,
D’un zèle indiscret animés,
Ne mangent rien qu’herbe et légume,
Aillent nu-pieds et prennent rhume,
Couchent sans chemise et sans draps,
De leurs austérités je ne fais pas grand cas ;
Mais consoler une vieillesse
D’un petit effet de tendresse ;
Prendre soin de mes pauvres sens
Tout infirmes, tout languissans,
Et ranimer ma froide masse
Par la chaleur de quelque grâce,
C’est une sainte charité,
C’est un office mérité,
Qui de tout péché rendroit quitte
La plus criminelle beauté.
Merveille de nos jours, ô belle et sage Hortense
Qui, pour vivre sans crime, ignorez les remords,
Ne vous fiez pas trop à la simple innocence ;
Pour le salut de l’âme, il faut haïr le corps,
Gêner ses appétits, se faire violence ;
Il faut faire sur vous de vertueux efforts :