Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/237

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Selon notre Hippocrate à craindre quelquefois :
Cependant il pourra se passer d’Ésculape.
Un austère discours des herbes de la Trappe,
Servira de diète une ou deux fois le mois2.
Malgré cette rude bataille
Que nature essuye en la Taille,
Canaple3 a conservé son visage fleuri :
Sa vigueur n’est pas redoutable,
Mais il est assez agréable,
Pour alarmer encor un timide mari.
Comte4, galant, époux, et père même,
Qui possédez dans un degré suprême
Plus de talents et de perfections
Qu’il n’en faudroit pour vingt conditions ;
Aimable comte, à qui les destinées
Laissent l’humeur des plus jeunes années ;
Que tenez-vous de l’arrière-saison
Qu’un peu plus d’ordre, un peu plus de raison ;
Vous retenez de votre premier âge
Un tendre cœur qu’aisément on engage ;
Vous retenez une ardeur pour le jeu,
À quoi l’Amour oppose en vain son feu,
Puisque Morin a les soins et les veilles,
Que refusez à dames sans pareilles :
C’est assez fait pour le jeu, pour l’amour,
Et l’esprit mûr mérite bien son tour.
De temps en temps certain air de sagesse
Qu’un politique auroit en sa vieillesse ;
Un entretien sérieux ou sensé,
Montre le fruit de votre âge avancé,



2. Voy. infra, un Billet à M. Silvestre.

3. Le marquis de Canaple qui venoit de subir la taille.

4. Le comte de Grammont.