Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prit plus libre que pour mieux voir la désolation de mes affaires. Nul bien de moi ; nulle assistance où je suis, nulle espérance d’ailleurs ; ne recevant du peu d’amis que j’ai où vous êtes, que des compliments au lieu de secours ; et de tous les autres que des injures, pour être demeurée dans un lieu d’où je ne sais comment sortir, voyant moins encore où pouvoir aller.

Jusqu’ici on a condamné les fautes, et plaint les malheurs : je fais changer toutes choses. La misère, ce triste ouvrage de ma fortune, me donne des ennemis, excite l’aigreur et l’animosité de ceux qui me devoient être le plus favorables. Je n’exagère point le malheur de ma condition, à quoi je suis d’autant plus sensible, que je reçois des reproches, quand j’attendois des consolations. Vous êtes assez raisonnable, monsieur, pour n’approuver pas un procédé si injuste, et assez constant dans l’amitié pour me conserver toujours la vôtre. Si elle n’est pas secourable, autant que vous le souhaitez, elle est aussi honnête que je le saurois désirer. Mon étoile me fait trouver de la bonne volonté, où il y a de l’impuissance, et de l’opposition où se rencontre le pouvoir ; mais enfin, la malignité de l’influence n’est pas entière, puisque dans les infortunes qu’elle me cause, elle me laisse des amis, qui font leur possible pour me consoler.