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LETTRE À LA DUCHESSE MAZARIN.
(1689.)

J’envoie savoir comment vous vous portez de votre blessure1 : pour moi, je me porte fort bien de toutes mes pertes. Le souper de Mme Harvey, le pâté Royal, et la mélancolie de la dolente Boufette avoient mis mon esprit dans une assez bonne situation. La nuit a été encore plus heureuse : j’ai cru être Mlle de Beverweert, toute cette nuit. J’avois une grande complaisance de mon mérite d’honnête et de raisonnable fille ; mais votre confiance faisoit le plus doux avantage de mon nouveau sexe. Vous m’avez montré votre blessure. Passons légèrement tout ce que j’ai vu : j’ai autant de sujet de me louer de vous, comme Beverweert, quej’en ai de me plaindre, comme Saint-Évremond. Heureux les sujets de n’avoir pas connu le danger qu’il y avoit à votre blessure ! Leur


1. Mme Mazarin s’étoit blessée à la cuisse, en tombant. C’étoit vers le commencement de la guerre de 1689.