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LETTRE À M. JUSTEL1.
(1681.)

Je suis ravi, Monsieur, de vous voir en Angleterre ; le commerce d’un homme aussi savant et aussi curieux que vous, me donnera beaucoup de satisfaction : mais permettez-moi de n’approuver pas la résolution que vous avez prise de quitter la France, tant que je vous verrai conserver pour elle un si tendre et si amoureux souvenir. Quand je vous vois triste et désolé, regretter Paris aux bords de notre Tamise, vous me remettez dans l’esprit les pauvres Israélites, pleurant leur Jérusalem aux bords de l’Euphrate. Ou vivez heureux, en Angleterre,


1. Henri Justel, fils du célèbre canoniste et historien Christophe Justel, savant distingué lui-même, et connu par sa collaboration à la Bibliotheca juris canonici, Paris, 1661, 2 vol. in-fol., n’attendit pas la révocation de l’édit de Nantes, pour aller chercher, en Angleterre, le paisible exercice de la croyance protestante. Il se retira à Londres, avec toute sa famille, au mois d’octobre 1681. Quelques années après, il obtint la charge de bibliothécaire du roi, à Saint-James.