Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/42

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C’est le mérite du héros,

Que je dépeins en peu de mots.

Alloit-il souvent à confesse ?
Entendoit-il vêpres, sermon ?
S’appliquoit-il à l’oraison ?
Il en laissoit le soin à la comtesse.

Il peut revenir un Condé,
Il peut revenir un Turenne ;
Un comte de Grammont en vain est demandé,
La nature auroit trop de peine.

Après avoir lu l’Épitaphe du comte de Grammont, si tu as la curiosité de connoître celui qui l’a faite, je t’en donnerai le caractère. C’est un philosophe également éloigné du superstitieux et de l’impie ; un voluptueux qui n’a pas moins d’aversion pour la débauche, que d’inclination pour les plaisirs ; un homme qui n’a jamais senti la nécessité, qui n’a jamais connu l’abondance. Il vit dans une condition méprisée de ceux qui ont tout, enviée de ceux qui n’ont rien, goûtée de ceux qui font consister leur bonheur dans leur raison. Jeune, il a haï la dissipation, persuadé qu’il falloit du bien pour les commodités d’une longue vie. Vieux, il a de la peine à souffrir l’économie, croyant que la nécessité est peu à craindre, quand on a peu de temps à pouvoir être misérable ; il se loue de la nature : il ne se plaint point de la fortune. Il