Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les images arrêtent, en quelque façon, cet esprit si difficile à fixer. D’ailleurs, il n’y a rien de plus naturel à l’homme que l’imitation ; et de toutes les imitations, il n’y en a point de si légitime que celle d’une peinture, qui nous représente ce que nous devons révérer. L’idée des personnes vertueuses nous porte à l’amour de leurs vertus, et fait naître en nous un juste désir d’acquérir la perfection qu’ils ont acquise. Il est des émulations de sainteté aussi bien que des jalousies de gloire ; et si le portrait d’Alexandre anima l’ambition de César à la conquête du monde, l’image de nos Saints peut bien exciter en nous l’ardeur de leur zèle, et nous inspirer cette heureuse violence qui ravit les cieux.

Chacun sait que Numa défendit toutes sortes d’images, dans les temples des Romains, et sa loi fut religieusement observée assez longtemps : mais il fallut revenir à la nature, qui se passe avec trop de peine de la représentation des objets, lorsque les objets lui manquent ; et les livres de ce législateur ayant été trouvés par hasard, dans son sépulcre, on jugea plus à propos de les brûler, que de retourner à la sécheresse de ses premières institutions. Les Pères n’ont rien attaqué si vivement, chez les païens, que les figures et les images ; c’étoient des Dieux de bois et de pierre ; c’étoient des