Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/190

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étoit dévoué, porter au marquis d’Hectot, son neveu, la survivance du père de ce dernier, le marquis de Beuvron, lequel étoit lieutenant du roi, à Rouen, et attaché au duc de Longueville : croyant, par cette avance, paralyser les intentions du père et engager les actes du fils. Le marquis d’Hectot accepta le brevet, promit tout à Saint-Luc, son oncle, puis s’enferma dans la forteresse du Vieux Palais, aujourd’hui démolie, sans beaucoup se soucier ni des uns ni des autres, et attendant l’issue des grandes affaires de Paris.

La reine régente ne borna pas là sa prévoyance ; elle dépêcha le comte d’Harcourt avec les provisions du gouvernement de Normandie, pour prendre possession de la ville de Rouen. Ce capitaine, vaillant et hardi à la guerre, mais indécis dans les affaires civiles, où il cherchoit volontiers son intérêt, s’arrêta au conseil du premier président, qui le fit demeurer au faubourg, en promettant de lui ménager une entrée triomphale, après qu’il auroit pris ses mesures. Saint-Évremond, qui avoit joint le comte d’Harcourt, étoit d’avis de brusquer l’entrée, de surprendre le parlement, et d’occuper la ville de vive force, s’il le falloit ; mais il ne put décider le comte d’Harcourt, et, pendant ce temps perdu, survint le duc de Longueville qui, plus résolu ou mieux dirigé3, pénétra dans la ville, et arriva par surprise jusqu’au sein du parlement assemblé, où puissamment secondé par les partisans qu’il y avoit, il fit,


3. Cf. les Mémoires de Mme de Motteville, sur l’année 1649, avec Saint-Évremond : Retraite de M. le duc de Longueville, t. II, inf. p. 4 et suiv.