Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/191

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et malgré le premier président, déclarer la compagnie contre la cour. Le duc de Longueville convoqua aussitôt la noblesse normande, et n’oublia rien pour engager Saint-Évremond dans ses intérêts. Il lui offrit une somme considérable, avec le commandement de l’artillerie, que Saint-Évremond refusa. « On voulut, dit-il, donner le commandement de l’artillerie à Saint-Évremond ; et, à dire vrai, dans l’inclination qu’il avoit pour Saint-Germain, il eût bien souhaité de servir la cour, en prenant une charge considérable où il n’entendoit rien. Mais, comme il avoit promis au comte d’Harcourt de ne point prendre d’emploi, il tint sa promesse, tant par honneur que pour ne ressembler pas aux Normands, qui avoient presque tous manqué de parôle. Ces considérations lui firent généreusement refuser l’argent qu’on lui offrait, et qu’on ne lui eût pas donné. » En effet, la pénurie d’argent fut une des causes principales qui firent échouer le duc de Longueville.

Saint-Évremond, après une apparition au château de Saint-Denis-le-Guast, s’achemina de nouveau vers la capitale normande, et rencontrant le duc de Longueville, près de la Bouille, petit village à trois lieues de Rouen, il lui apprit que le comte d’Harcourt, qui commandoit les troupes royales, avançoit en toute hâte pour l’attaquer ; et le duc de Longueville, qui n’étoit pas en état de tenir la campagne, fort effrayé de cette annonce inopinée, rebroussa chemin en désordre, par une retraite qui ressembloit à une déroute : il arriva presque aussitôt que Saint-Évremond à Rouen. Cette rencontre est célèbre dans l’histoire de la Fronde normande, sous le nom