Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/193

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la duchesse de Longueville exerçoit sur son frère, elle n’avoit pu détourner le prince de la ligne du devoir. Mais, après la paix de Ruel, l’influence de la duchesse reprit son empire. Le frère et la sœur, qu’une tendre affection avoit toujours unis, s’étoient retrouvés avec bonheur ; et une parfaite intelligence se rétablit entr’eux, avec d’autant plus de facilité, que Condé, toujours exigent et hautain, étoit secrètement mécontent de la Reine et de son ministre. Douée d’une nature héroïque, comme Condé, la duchesse allioit l’ambition politique aux passions vives de la femme. Elle répondit à son frère des ducs de Longueville et de Bouillon, du vicomte de Turenne, des princes de Conti et de Marsillac, et de la plupart des autres chefs qui, pendant la guerre de Paris, avoient suivi le parti du parlement ; et l’élévation de leur puissance devint dès ce moment, à sa persuasion, le but commun de leurs efforts et de leurs désirs immodérés. Mazarin ne pouvoit rien refuser au prince, après les services qu’il en avoit reçus. Considérant, désormais, les intérêts de leur maison comme ceux de l’État, ils firent donner au prince de Conti le gouvernement de la Champagne, qui touchoit à celui de Bourgogne dont Condé avoit le titre et la possession. Marsillac eut sa part en Lorraine. L’indemnité de Sedan, promise depuis tant d’années, et jamais payée, fut négociée avec le duc de Bouillon ; et le duc de Longueville put espérer ce gouvernement de Pont-de-l’Arche, objet de sa passion, parce que le gouverneur de Normandie donnoit la main par là aux Parisiens. Condé força le cardinal à rappeler de l’exil Chavigny, ennemi personnel et dangereux de Mazarin ; en un mot, il devint