Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/199

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chez lui, facilement le dessus. Il perdit à peu près contenance, quoique il fut accompagné d’une troupe beaucoup plus nombreuse que celle des mazarins ; et il leur dit, pour engager le colloque ou la dispute : Messieurs, vous soupez de bonne heure. Ils répondirent brièvement, en posture froide et sérieuse, afin de finir une conversation qu’ils ne jugeoient pas leur devoir être commode, à la fin. Le duc de Beaufort continuant, et se souvenant confusément de la leçon du Coadjuteur, leur demanda s’ils avoient des violons ; et sur leur réponse négative, il ajouta : « Qu’il en étoit bien fâché, parce qu’il les auroit voulu casser ; qu’il y avoit des gens, en leur compagnie, qui se mêloient de parler de lui, et qu’il étoit venu pour les en faire repentir ; » et, à ce moment, ne sachant plus que leur dire, il saisit vivement la nappe, la tira rudement par le coin, et renversa les plats sur les convives, qui, la plupart, en furent salis. Aussitôt tous se levèrent et prirent leurs épées.

Quelques gens de la suite du duc se jetèrent sur les mazarins. Jarzay fut gourmé par des pages. Le marquis d’Estourmel en blessa plusieurs. Le duc de Candale, saisissant la première arme, imposa, et se montra très-résolu à repousser la violence : il étoit, comme Beaufort, petit-fils d’Henri IV. La troupe se serrant en colonne autour de lui, ce petit groupe de gentilshommes déterminés sortit en bon ordre du jardin de Renard, tous outrés du procédé, protestant qu’ils en auroient satisfaction, et se plaignant de l’aventure comme d’un guet-apens lâchement prémédité, et indigne d’hommes de qualité. Le lendemain, le duc de Candale envoya un cartel au duc