Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/200

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de Beaufort. À quoi ce dernier répondit, qu’il n’avoit eu l’intention d’offenser, ni son cousin le duc de Candale, ni aucun gentilhomme de sa compagnie, et qu’il n’en vouloit qu’à Jarzay ; que, du reste, il ne se battroit pas hors de Paris, parce qu’il n’y seroit pas en sûreté ; mais qu’il étoit prêt à faire raison à quiconque viendroit la lui demander, dans l’intérieur de la ville. Puis, comme s’il eût craint, en effet, quelque entreprise contre sa personne, il quitta son hôtel, l’hôtel de Vendôme, bâti par Henri IV, pour son fils, sur la place qui porte encore aujourd’hui ce grand nom, et qui alors étoit tout proche du rempart de la ville, lequel joignoit le boulevard actuel de la Madeleine aux anciens fossés des Tuileries ; et il alla se loger rue Quincampoix, dans le quartier de la capitale qui lui étoit dévoué, en une maison qui subsistoit naguère encore, et qui a servi d’hôtel à la banque de Law.

La Reine, sensible à cette mésaventure de ses serviteurs, et irritée de l’outrage fait à ses couleurs que portaient les mazarins, voulut poursuivre le duc de Beaufort, aux termes des ordonnances qui punissoient sévèrement les voies de fait commises dans les habitations royales. Mais elle fut contrainte d’abandonner ce projet, parce qu’on ne pouvoit faire son procès au duc de Beaufort, sans soulever la populace qui l’adoroit, et sans assembler le parlement, attendu qu’il s’agissoit d’un duc et pair. La noblesse de la cour garda ressentiment d’une insulte faite à des gentilshommes, et d’une injure que la Reine étoit obligée de dévorer.

Le prince de Condé, s’affligeant peu dans son âme de cet échec du parti royaliste, qui rendoit son as-