Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/208

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ramena malgré elle à Paris (21 octobre 1652), où le Roi ne fut pas sitôt, que son rétablissement dans la capitale fit reconnoître son autorité par tout le monde. La sûreté du Roi bien établie au dedans, M. de Turenne fit sentir sa puissance au dehors, et réduisit l’Espagne, etc., etc. »

Saint-Évremond étoit connu depuis longtemps de M. de Turenne, pour lequel il a conservé jusqu’à sa mort un culte véritable. L’Éloge qu’il nous en a laissé est le résumé le plus fidèle de l’histoire de ce grand capitaine. On y lira surtout le récit de la célèbre affaire de Gien, ou de Bléneau, racontée avec détail particulier10. Nulle part ce beau fait d’armes n’est rendu plus saisissant. En un autre endroit11, Saint-Évremond a rendu témoignage d’une résolution conseillée par Turenne, et qui certainement a sauvé la monarchie, en ce moment. Cette révélation a échappé à tous nos historiens, du moins à ma connoissance. « J’ai vu prendre, dit-il, une résolution qui causoit la perte d’un grand État, si elle eût été suivie. La cour étant à Pontoise (en août 1652, après le combat du faubourg Saint-Antoine) et le cardinal Mazarin, considérant que M. le Prince n’en étoit pas éloigné, que Fuensaldagne s’avançoit avec 25 000 hommes, et le duc de Lorraine avec 12 000, résolut de faire retirer le Roi en Bourgogne, ne le croyant pas en sûreté près Paris. M. de Turenne ne se trouvoit pas alors au conseil ; mais, ayant appris cette résolution, il s’y rendit immédiatement, et dit aux mi-


10. Voy. l’Éloge de Turenne, inf., t. II, p. 223.

11. Voy. les Réflexions sur les divers génies du peuple romain, dans notre tome II, p. 93, note 2.