Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/240

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sous Mme de Maintenon. Mme de Montespan n’étoit plus qu’une belle, mais orgueilleuse maîtresse, et le public lui refusa des sympathies qu’il avoit données à la passion émouvante du roi pour Mancini et la Vallière. La cour étoit devenue une sorte de harem, où le sentiment n’avoit plus de place. Résister au roi eût été même un manque de respect ; et Louis XIV en étoit venu à croire qu’en effet tout lui étoit dû. Il est juste de reconnoître que le scandale, dont on fait, à cette heure, beaucoup d’état, n’étoit point alors aussi bruyant, il s’en faut. On ne parloit des amours des grands que dans un cercle restreint et respectueux. L’indiscrétion de la publicité, au dix-neuvième siècle, nous induit à de faux jugements sur les temps qui précédent. On voit d’ailleurs par la correspondance non suspecte de Mme d’Orléans, la Palatine, que de grandes dames étrangères, attirées à Paris par la curiosité, y donnoient le spectacle d’une dissolution de mauvais goût, qui contrastoit avec la bienséance de nos Françoises, même les plus adonnées à leurs plaisirs. La femme françoise étoit alors la mieux élevée qu’il y eût en Europe. Aussi croirois-je qu’on attribue à Mme de Maintenon le mérite purement imaginaire d’avoir ramené la décence dans les mœurs.

Le spectacle donné par Louis XIV, en ce qui touche Mme de Maintenon, ne valoit guère mieux que celui de ses anciennes amours. Il avoit donné jadis un cours trop libre à des penchants qui trouvoient quelque excuse dans les mœurs qui l’entouroient et dans l’entraînement de la nature. Son commerce avec Mme de Maintenon, fait deviner autre chose. Celle-ci est restée supérieure, par l’es-