Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/330

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risienne se passionna, pour et contre ce projet, dont Ninon dissuada Mme Scarron, qui l’en remercia par la lettre suivante : « Votre approbation me console de la cruauté de mes amis : dans l’état où je suis, je ne saurois me dire trop souvent que vous approuvez mon courage. À la place Royale, on me blâme ; à Saint-Germain, on me loue, et nulle part, on ne songe à me plaindre ni à me servir. Que pensez-vous de la comparaison qu’on a osé me faire de cet homme à M. Scarron ? Ô Dieu ! quelle différence ! Sans fortune, sans plaisirs, il attiroit chez lui la bonne compagnie : celui-ci l’auroit haïe et éloignée. M. Scarron avoit cet enjouement que tout le monde sait, et cette bonté d’esprit que presque personne ne lui a reconnue. Celui-ci n’est ni brillant, ni badin, ni solide ; s’il parle, il est ridicule. Mon mari avoit le fonds excellent ; je l’avois corrigé de ses licences. Il n’étoit ni fou, ni vicieux, par le cœur : d’une probité reconnue, d’un désintéressement sans exemple. C... n’aime que ses plaisirs30, etc. Je vous sais bon gré de ne pas l’avoir reçu, malgré les recommandations de la Châtre. Il n’auroit pas senti que la première fois devoit être la dernière. Assurez ceux qui attribuent mon refus à un engagement, que mon cœur est parfaitement libre, veut toujours l’être et le sera toujours. Je l’ai trop éprouvé, que le mariage ne saurait être délicieux, et je trouve que la liberté l’est. Faites, je vous prie, mes compliments à M. de la Rochefoucauld, et


30. On a prétendu que ce personnage étoit de la maison de Brancas ; j’en doute.