Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes sottises, sans me charger de celles des autres. On me donne une pièce, contre le P. Bouhours, où je ne pensai jamais. Il n’y a pas d’écrivain que j’estime plus que lui, etc. » Ce passage fut communiqué au P. Bouhours par Mlle de Lenclos, sa voisine ; et le P. Bouhours en envoya copie à Mme de Coligny, fille de Bussy, qui étoit au château de Chaseu, près de son père ; et Mme de Coligny répondant au spirituel jésuite, lui dit, au sujet de Saint-Évremond : « La manière dont il pense et dont il s’exprime plaît toujours, et surtout quand il loue un de nos amis. » En l’état de ces relations entre la famille de Rabutin et Saint-Évremond, on ne peut supposer que celui-ci soit l’auteur de la lettre dont il s’agit, laquelle n’apparut dans les salons qu’en 1693. Il étoit incapable d’une telle perfidie.

Quoique Saint-Évremond n’ait pas divulgué le secret de Mme d’Olonne, Bussy-Rabutin s’en étant chargé, cette indiscrète obligeance, jointe aux railleries de Grammont, et aux brutalités de Saint-Simon, envers les filles de Mme de la Loupe, qu’il détestoit, ne permettent guère de douter de la vérité de l’aventure. Mais Saint-Évremond avoit évité l’éclat, et s’étoit prudemment retiré de la mêlée, lorsque la légende de Bussy est venue tout remettre en lumière, et précipiter cette femme charmante, sensible, accorte, qui valoit mieux que d’être abandonnée à la chronique scandaleuse jusqu’à la fin des siècles.

Saint-Évremond est resté l’ami de Mme d’Olonne et de son époux ; et le Caractère qu’il a tracé d’elle pour la société de Mademoiselle, à une époque où