Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/371

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l’on parloit de son attachement pour le duc de Candale, attachement que Saint-Évremond a voulu ennoblir dans un autre écrit, ce Caractère est un monument de l’exquise courtoisie et de l’affection délicate qu’il a conservée pour la comtesse. Quant aux dépravations et aux vénalités enregistrées dans l’Histoire de Bussy, on reste, à vrai dire, dans le doute, en voyant la considération dont jouit encore, à cette époque de 165918, au Luxembourg, et chez Mme de Longueville, la femme étourdie et facile, dont Bussy avoue « qu’elle avoit trouvé le secret de perdre sa réputation avant de perdre son innocence. » Dans les actes mêmes qui ont affiché sa passion, il y a de touchantes délicatesses. Lorsqu’on la détournoit de parler de M. de Candale, dont le nom seul provoquoit ses sanglots, elle répondoit : Cela me fait pleurer, mais cela me fait souvenir de lui. Il n’est que trop vrai, cependant, que cette femme aimante a été perdue dans l’esprit de ses contemporains. Les pamphlets, les chansons, les satires l’ont livrée en pâture à l’opinion qu’elle a trop bravée, tandis que d’autres ont franchi le pas, avec impunité, sans être moins imprudentes, ni moins répréhensibles. Elle étoit fauve comme une louve, ce qui prête aux chansonniers des jeux de mots de moins bon goût que ceux dont les contemporains avoient poursuivi Mlle Paulet, pour laquelle le nom de Lionne a été


18. C’est en 1659 ou en 1660 que Bussy a composé l’Histoire amoureuse des Gaules, qu’il a remaniée ou amplifiée deux ou trois ans après. Elle n’a été livrée à la publicité, par les copies, que plus tard, et puis imprimée en Hollande vers 1665.