Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/43

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Balzac de qui Loret disoit, en annonçant sa mort (février 1654) :

Tous les François en alarmes
Devroient s’écrier avec larmes,
Le grand Balzac est décédé.

Il étoit ennemi de l’inversion, que repoussoit l’esprit national, avant tout ami de la clarté. Il défendoit le langage de la nature, indiqué par l’usage du monde, mais il le surchargeoit des ornements de l’art. Il y avoit, du reste, quelque scission dans le camp de l’indépendance, et la couleur du drapeau même y convioit. Une jeunesse dorée, qui brilloit dans les salons du quartier du Temple et du Louvre, et à l’hôtel de Condé, se déclaroit pour une allure à la fois plus simple, plus vive, plus libre, plus vraie, que celle de Balzac2. À côté d’eux, l’école persistante de Rabelais avoit des sectateurs influents et nombreux. Ainsi ce n’étoit qu’anarchie et dissidence ; et comme tout étoit mis en question par la réforme, il se trouvoit que les deux grandes règles de conduite, en fait de langue, à savoir l’usage et l’autorité, à ce moment étoient fort ébranlées. Balzac décrioit ceux qui se servoient de l’esprit d’autrui, au lieu du leur ; mais la pente de son esprit le ramenoit à un écueil, celui de l’affectation. Notre langue avoit, en effet, subi, au contact de l’Italie et de l’Espagne, l’influence profonde des deux langues espagnole et italienne ; et notre littérature adolescente avoit tourné aux conceptos et aux concetti. Les produc-


2. Voy. les Conversations du chevalier de Méré avec le maréchal de Clérembaut.