Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/44

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tions littéraires de ce temps en sont infectées ; nous n’en avons que des traces atténuées, dans Voiture et dans Balzac. De là ce raffinement, cette préciosité, cette recherche, à la mode dans quelques salons, et qui, si leur mauvais goût avoit prévalu, auroient perdu la langue, au moment même où elle passoit de l’enfance à la virilité.

Telle étoit la situation, lorsque fut fondée l’Académie françoise, dont les membres, en se réunissant, ne pensoient presque à rien moins, comme l’avoue Pellisson, qu’à ce qui arriva depuis. La question de la langue étoit donc posée, et passionnoit déjà les esprits, lorsque l’Académie fut constituée par la célèbre ordonnance de 1635 ; mais, il faut le reconnoître, l’Académie nouvelle eut une grande influence sur la solution définitive du problème ; non qu’elle y ait porté un esprit supérieur, à ses débuts du moins ; mais parce que, malgré des difficultés de toute espèce, tenant aux personnes et aux choses, elle a, par son sens droit, fait pencher, en fin de compte, la balance du bon côté.

Les Académies littéraires étoient déjà, depuis longtemps, connues à Paris, et nos relations avec l’Italie les avoient accréditées. Les rois Charles IX et Henri III avoient autorisé plusieurs associations de ce genre, dont Bayf et Ronsard avoient été les personnages principaux. Au commencement du dix-septième siècle, les Cercles ou Académies furent multipliés à Paris. Tallemant a tourné en dérision l’Académie de Charlotte des Ursins, vicomtesse d’Auchy. La réunion de Mme des Loges eut meilleur renom. Le cercle qui s’étoit formé depuis plusieurs années, chez Conrart, devint en 1635 l’Académie françoise, dont