Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/445

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dangereuse nonchalance qui fait perdre à l’esprit sa vivacité et sa vigueur.

Il y a des objets touchants, qui font leur impression sur le cœur et y remuent ce qu’il a de sensible. Il y en a qui par un charme secret, difficile à exprimer, tiennent l’âme dans une espèce d’enchantement. Il y en a de piquants, dont elle reçoit une atteinte qui lui plaît, une blessure qui lui est chère. Au delà, ce sont les transports et les défaillances qui arrivent, manque de proportion entre le sentiment de l’âme et l’impression de l’objet. Aux premiers, l’âme est enlevée, par une espèce de ravissement. Aux autres, elle succombe sous le poids de son plaisir, si on peut parler de la sorte.

Voilà ce que j’avois à vous dire sur les plaisirs : il me reste à toucher quelque chose de l’esprit revenu chez soi, et remis, comme on dit, dans son assiette.

Comme il n’y a que les personnes légères et dissipées qui ne le possèdent jamais, il n’y a que les rêveurs, les esprits sombres, qui demeurent toujours avec eux-mêmes ; et il est à craindre qu’au lieu de goûter la douceur d’un véritable repos, l’inutilité de ce grand attachement ne les jette dans l’ennui. Cependant, le temps qu’on se rend ennuyeux, par son chagrin, ne se compte pas moins que le plus doux