Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/444

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sièrement à leurs appétits, ne se refusant rien de ce que les animaux demandent à la nature.

Les voluptueux reçoivent une impression, sur les sens, qui va jusqu’à l’âme. Je ne parle pas de cette âme purement intelligente, d’où viennent les lumières les plus exquises de la raison ; je parle d’une âme plus mêlée avec le corps, qui entre dans toutes les choses sensibles, qui connoît et goûte les voluptés.

L’esprit a plus de part au goût des délicats qu’à celui des autres. Sans les délicats, la galanterie seroit inconnue, la musique rude, les repas malpropres et grossiers. C’est à eux qu’on doit l’erudito luxu de Pétrone, et tout ce que le raffinement de notre siècle a trouvé de plus curieux, dans les plaisirs.

J’ai fait d’autres observations, sur les objets qui nous plaisent, et il me semble avoir remarqué des différences assez particulières, dans les impressions qu’ils font sur nous.

Il y a des impressions légères, qui ne font qu’effleurer l’âme, pour le dire ainsi : éveiller son sentiment, la tenir présente aux objets agréables, où elle s’arrête avec complaisance, sans soin, sans beaucoup d’attention.

Il y en a de molles et voluptueuses, qui viennent comme à se fondre et à se répandre délicieusement sur l’âme, d’où naît cette douce et