Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/539

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les âmes tendres sont touchées des douces et agréables impressions qu’il fait sur elles. Les bonnes œuvres suivent nécessairement ce principe : car si l’amour se forme, au dedans, il fait agir au dehors, et nous oblige à mettre tout en usage, pour plaire à ce que nous aimons. Ce qu’il y a seulement à craindre, c’est que la source de cet amour, qui est dans le cœur, ne soit altérée, par le mélange de quelque passion toute humaine. Il est à craindre aussi qu’au lieu d’obéir à Dieu, en ce qu’il ordonne, nous ne tirions, de notre fantaisie, des manières de le servir, qui nous plaisent. Mais si cet amour, a une pureté véritable, rien au monde ne fait goûter une plus véritable douceur. La joie intérieure des âmes dévotes, vient d’une assurance secrète, qu’elles pensent avoir, d’être agréables à Dieu ; et les vraies mortifications, les saintes austérités, sont d’amoureux sacrifices d’elles-mêmes.

La religion réformée dépouille les hommes de toute confiance au mérite. Le sentiment de la prédestination, dont elle se dégoûte, et qu’elle n’oseroit quitter, pour ne se démentir pas, laisse une âme languissante, sans affection et sans mouvement ; sous prétexte de tout attendre du ciel, avec soumission, elle ne cherche pas à plaire, elle se contente d’obéir ; et, dans un culte exact et commun, elle fait Dieu l’ob-