Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/540

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jet de sa régularité, plutôt que de son amour. Pour tenir la religion dans sa pureté, les Calvinistes veulent réformer tout ce qui paroît humain ; mais souvent ils retranchent trop de ce qui s’adresse à Dieu, pour vouloir trop retrancher de ce qui part de l’homme. Le dégoût de nos cérémonies les fait travailler à se rendre plus purs que nous. Il est vrai qu’étant arrivés à cette pureté, trop sèche et trop nue, ils ne se trouvent pas eux-mêmes assez dévots, et les personnes pieuses, parmi eux, se font un esprit particulier, qui leur semble surnaturel, dégoûtées qu’elles sont d’une régularité qui leur paroît trop commune.

Il y a deux sortes d’esprits, en matière de religion : les uns, vont à augmenter les choses établies ; les autres, à en retrancher toujours. Si l’on suit les premiers, il y a danger de donner à la religion trop d’extérieur, et de la couvrir de certains dehors, qui n’en laissent pas voir le fond véritable. Si on s’attache aux derniers, le péril est, qu’après avoir retranché tout ce qui est superflu, on ne vienne à retrancher la religion elle-même. La catholique pourroit avoir un peu moins de choses extérieures ; mais rien n’empêche les gens éclairés de la connoître, telle qu’elle est, sous ces dehors. La réformée n’en a pas assez ; et son culte, trop ordinaire, ne se distingue pas, autant qu’il faut,