Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/544

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de celles du monde ; mais souvent ce n’est que pure spéculation, et l’effet d’un vice, fort naturel et fort humain. L’esprit, intempérant dans le désir de savoir, se porte à ce qui est au-dessus de la nature, et cherche ce qu’il y a de plus secret, en son auteur, moins pour l’adorer, que par une vaine curiosité de tout connoître. Ce vice est bientôt suivi d’un autre : la curiosité fait naître la présomption ; et, aussi hardis à définir, qu’indiscrets à rechercher, nous établissons une science, comme assurée, de choses qu’il nous est impossible même de concevoir. Tel est le méchant usage de l’entendement et de la volonté. Nous aspirons ambitieusement à tout comprendre, et nous ne le pouvons pas. Nous pouvons religieusement tout observer, et nous ne le voulons point. Soyons justes, charitables, patients, par le principe de notre religion ; nous connoîtrons et nous obéirons tout ensemble.

Je laisse à nos savants à confondre les erreurs des calvinistes, et il me suffit d’être persuadé que nous avons les sentiments les plus sains. Mais, à le bien prendre, j’ose dire que l’esprit des deux religions est fondé différemment sur de bons principes, selon que l’une envisage la pratique du bien plus étendue, et que l’autre se fait une règle plus précise d’éviter le mal. La catholique a, pour Dieu, une volonté agis-