Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/56

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La pièce se termine par la déclaration suivante de Desmarets, en sa qualité de chancelier :

Les Auteurs assemblés pour régler le Langage,
Ont enfin décidé dans leur Aréopage.
Voici les Mots soufferts, voici les Mots cassés…
Monsieur de Serizay, c’est à vous : Prononcez.

SERIZAY.

Grâce à Dieu, compagnons, la divine assemblée
A si bien travaillé, que la langue est réglée.
Nous avous retranché ces durs et rudes mots,
Qui sembloient introduits par les barbares Gots ;
Et s’il en reste aucun, en faveur de l’usage,
Il fera désormais un méchant personnage.
Or, qui fit l’important, déchu de tous honneurs,
Ne pourra plus servir qu’à de vieux raisonneurs.
Combien-que, pour ce-que, font un son incommode ;
Et d’autant et parfois, ne sont plus à la mode.
Il conste, il nous appert, sont termes de Barreau,
Mais le plaideur François aime un air plus nouveau.
Il appert, était bon pour Cujas et Barthole.
Il conste, ira trouver le parlement de Dole10.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  
Aux stériles esprits, dans leur fade entretien,
On permet à ravir, lequel n’exprime rien.
Jadis est conservé par respect pour Malherbe.
Dans l’Ode il a marché, jadis, grave et superbe ;
Et de là s’abaissant, en faveur de Scarron,
Il a pris l’air burlesque et le comique ton ;
Mais il demeure exclus du discours ordinaire.
Vieux jadis, c’est pour vous tout ce que l’on peut faire !
Il faudra modérer cet indiscret pourquoi,
Et révérer le car, pour l’intérêt du Roi.


10. Ces vers sont évidemment du nombre des additions de Saint-Évremond, en 1680. L’ancien parlement de Franche-Comté avoit été transféré de Dole à Besancon, après la conquête de 1674, seulement.