Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En toutes nations la coutume est bien forte ;
On dira cependant que l’on pousse la porte11.
Nous souffrons néanmoins ; et craignant le palais,
Nous laissons nonobstant en repos pour jamais.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  
Auteurs, mes compagnons, qui réglez le langage,

Avons-nous assez fait ? En faut-il davantage ?

LA TROUPE.

Voilà ce qu’à peu près nous pensions réformer.
Anathème sur ceux qui voudront le blâmer !
Et soit traité chez nous plus mal qu’un hérétique,
Qui ne reconnaîtra la troupe académique !

DESMARETS.

À ce divin arrêt, des arrêts le plus beau,
Je m’en vais tout à l’heure apposer le grand sceau.

D’autres critiques du même genre, écrites en prose, circulèrent en ce temps-là, dans le monde. Je n’en citerai qu’une, assez piquante, intitulée : Rôle des présentations, faites aux Grands Jours de l’éloquence françoise, pour la réformation de la langue : pamphlet qui est de Sorel. À une première Assise, se sont présentés les procureurs des Pères de l’oratoire, et quelques dévots à la mode, requérant que tous les mots de spiritualité, qui sont dans les livres du feu sieur cardinal de Berulle, soient tenus pour bons françois. À une autre Assise, se présente la dame marquise de Monelay, requérante que pour éviter les occasions de mal penser, que donnent les paroles ambiguës, l’on usera du mot pensée, au lieu de conception. Il paroît, en effet, d’après les Advis de Mlle de Gournay, qu’on avoit sérieuse-


11. Au lieu de : Fermer la porte, dont l’usage fut alors condamné.