Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/209

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cos movere, sermone uti, vel modesto, vel molli, vel procaci (de Conj. Cat., 25).

Vous connoîtrez dans l’éloge de Sylla, que son naturel s’accommodoit heureusement à ses desseins. La république alors étant divisée en deux factions, ceux qui aspiroient à la puissance n’avoient point de plus grand intérêt que de s’acquérir des amis, et Sylla n’avoit point de plus grand plaisir que de s’en faire. La libéralité est le meilleur moyen pour gagner les affections : Sylla savoit donner toutes choses. Parmi les choses qu’on donne, il n’y a rien qui assujettisse plus les hommes et assure tant leurs services que l’argent qu’ils reçoivent de nous. C’est en quoi la libéralité de Sylla étoit particulièrement exercée : Rerum omnium, pecuniæ maxime largitor5 . Il étoit libéral de son naturel, libéral de son argent par intérêt. Son loisir étoit voluptueux ; mais ce n’eût pas été donner une idée de ce grand homme, que de le dépeindre avec de la sensualité ou de la paresse : ce qui oblige Salluste de marquer le caractère d’une volupté d’honnête homme, soumise à la gloire, et par qui les affaires ne sont jamais retardées, de peur qu’on



5. M. de Saint-Évremond a cité ici Salluste, de mémoire. Cet historien dit : multarum rerum ac maxime pecuniæ largitor. (des Maizeaux). Salluste, Jug., 95.