Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/208

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est distinguée par le déréglement de ses mœurs, et le déréglement est marqué à l’égard du caractère de son esprit, par des imaginations trop vastes et trop élevées : Vastus animus immoderata, incredibilia, nimis alta semper cupiebat. Il avoit l’esprit assez méchant pour entreprendre toutes choses contre les lois, et trop vaste pour se fixer à des desseins proportionnés aux moyens de les faire réussir.

L’esprit hardi d’une femme voluptueuse et impudique, telle qu’étoit Sempronia, eût pu faire croire que son audace alloit à tout entreprendre en faveur de ses amours ; mais comme cette sorte de hardiesse est peu propre pour les dangers où l’on s’expose dans une conjuration, Salluste explique d’abord ce qu’elle est capable de faire, par ce qu’elle a fait auparavant : Quæ multa sæpe virilis audaciæ facinora commiserat. Voilà l’espèce de son audace exprimée. Il la fait chanter et danser, non avec les façons, les gestes et les mouvements qu’avoient à Rome les chanteuses et les baladines, mais avec plus d’art et de curiosité qu’il n’étoit bienséant à une honnête femme : Psallere, saltare elegantius quam necesse est probæ. Quand il lui attribue un esprit assez estimable, il dit en même temps en quoi consistoit le mérite de cet esprit : Verum ingenium ejus haud absurdum : posse versus facere, jo-