Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/26

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la raison est de part et d’autre, mais en différents points, et qu’elle est plutôt pour les défenses que pour les attaques, quoique la malignité naturelle du cœur humain rende ordinairement les attaques plus agréables au lecteur que les défenses. J’espère que le R. P. Ptolemei[1], ornement de sa compagnie, occupé à remplir les vides du célèbre Bellarmin[2], nous donnera sur tout cela des éclaircissements dignes de sa pénétration et de son savoir, et, j’ose même ajouter, de sa modération. Et il faut croire que parmi les théologiens de la confession d’Augsbourg, il s’élèvera quelque nouveau Chemnice ou quelque nouveau Calixte[3] ; comme il y a lieu de juger que des Usserius[4] ou des Daillé[5] revivront parmi les réformés, et que tous travailleront de plus en plus à lever les mésentendus dont cette matière est chargée. Au reste, je serais bien aise que ceux qui voudront l’éplucher lisent les objections mises en forme, avec les réponses que j’y ai données, dans le petit écrit que j’ai mis à la fin de l’ouvrage, pour en faire comme le sommaire. J’y ai tâché de prévenir quelques nouvelles objections : ayant expliqué, par exemple, pourquoi j’ai pris la volonté antécédente et conséquente pour préalable et finale, à l’exemple de Thomas, de Scot[6] et d’autres ; comment il est possible qu’il y ait incomparablement plus de bien dans la gloire de tous les sauvés qu’il n’y a de mal dans la misère de tous les damnés, quoiqu’il y en ait plus des derniers ; comment, en disant que le mal a été permis comme une condition sine qua non du bien, je l’entends non

  1. PTOLEMEI ou Tolomei, cardinal, quoique jésuite, né à Florence en 1653, mort en 1726. On a de lui une PhilosoplUa mentis et seiimum, Rome, 1696, in-fol, Son Supplément aux controverses de Bellurmin est demeuré inédit. P. J.
  2. Bellarmin, célèbre controversiste du a xvie siècle, archevêque de Capoue, né en Toscane en 1542, mort en 1621, connu par ses Controverses (Ingolstadt, 1587, 1 vol. iu -fol.), parmi lesquelles on remarque le De Iîomano ponli/ice, manuel des Doctrines ultramontaines. P. J.
  3. CALIXTE, pape en 218, mort en 222. On trouve des détails curieux sur son pontificat, dans l’ouvrage de saint Hippolyte, récemment retrouvé et publié en 1851 par M. Miller sous ce titre Philosophumena. P. J.
  4. Usserius ou Usher (Jacques), théologien anglican, archevêque d’Armag, né à Dublin en 1580, mort en 1656. Il écrivit à la fois contre les catholiques et contre les Arminiens. Il publia un grand nombre d’ouvrages théologiques, et entre autres. sur l’ordre de Charles Ier, un ouvrage sur le Pouvoir du souverain où il défend la doctrine de l’obéissance passive (1661). P. J.
  5. Daillé, controversiste protestant, né à Chàtellerault en 1594, mort à Charenton en 1670. Il fut estimé même des catholiques. On n’a de lui que des traités théologiques, sans aucun rapport à la philosophie. P. J.
  6. Duns (Jean) ou Duns Scot, illustre scholastique de l’ordre des Cordeliers, né en Écosse dans la petite ville de Duns, à une date qui n’est pas connue. On sait qu’il mourut en 1308 à Cologne, Il fut, comme on sait, le chef de l’école Scotiste opposée aux Thomistes dans la question de la grâce et dans la question des Universaux. Ses œuvres complètes, données par le P. WaddingLyon, 1635), comprennent 12 vol. in-fol. P. J.