Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/41

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que les cartésiens, en réfutant le philosophe anonyme, avaient trop accordé à la philosophie. Jean de Labadie[1](avant qu’il se fût séparé des églises réformées, sous prétexte de quelques abus qu’il disait s’être glissés dans la pratique publique, et qu’il jugeait insupportables) attaqua le livre de M. de Wolzogue[2] et le traita de pernicieux ; et d’un autre côté M. Vagelsang, M. Van der Weye[3] et quelques autres anticoccéiens[4] combattirent aussi le même livre avec beaucoup d’aigreur ; mais l’accusé gagna sa cause dans un synode. On parla depuis en Hollande de théologiens rationaux et non rationaux, distinction de parti dont M. Bayle fait souvent mention, se déclarant enfin contre les premiers ; mais il ne paraît pas qu’on ait encore bien donné les règles précises dont les uns et les autres conviennent ou ne conviennent pas à l’égard de l’usage de la raison dans l’explication de la sainte Ecriture.

15. Une dispute semblable a pensé troubler encore depuis peu les églises de la confession d’Augsbourg. Quelques maîtres ès arts dans l’université de Leipzig, faisant des leçons particulières chez eux aux étudiants qui les allaient trouver pour apprendre ce qu’on appelle la philologie sacrée suivant l’usage de cette université et de quelques autres, où ce genre d’étude n’est point réservé à la faculté de théologie ; ces maîtres, dis-je, pressèrent l’étude des saintes Ecritures et l’exercice de la piété plus que leurs pareils n’avaient coutume de faire. Et l’on prétend qu’ils avaient outré certaines choses et donné des soupçons de quelque nouveauté dans la doctrine, ce qui leur fit donner le nom de piétistes, comme d’une secte nouvelle ; nom qui depuis a fait tant de bruit en Allemagne, et a été appliqué bien ou

  1. Labadie (Jean de), mystique célèbre du xvn° siècle, né en 1610 à Bourg en Guienne, se, convertit au protestantisme, et, après une vie très agitée, mourut à Attona en 1674. Ses ouvrages ont tout à fait le caractère de l’illuminisme (en voir les titres dans les Mémoires de Nioéron, t. XV111 et XX).
  2. WOL7.OGEN, né à Ameîsford en 1632, mort à Amsterdam en 1690, répondit au livre de L. Meyer, par son De xcripiurartun interprète, Utrecht, 1868, in-12. P. J.
  3. On peut voir dans le Trajeclum erudilum de Bunnann Ùn-4", p. 457 et suiv.), la notice des ouvrages publiés contre Wolz.ogue. Vagelsany, pasteur et professeur à Depenter, mort en 1679. Van der Weyen, professeur à Mieldelhourg, né en 1676, mort en 1716. P.J".
  4. Coccëius (Jean), célèbre théologien au xvii0 siècle, dont la doctrine inclinait au rationalisme, et s’unit au cartésianisme dans la querelle que le théologien Voetius, chef des anticoccéiens, dirigea contre celui-ci. Coccéius, né à Brème en 1603, fut professeur à Leyde, où il mourut en 1669. Ses œuvres complètes ont été publiées à Amsterdam en Luit vol. in-fol., 1673-70. Voy. plus bas Vœtius. P. J.