Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/100

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Je mourray fatisfait, si croiray par raison
Obeyr au pouvoir de leurs douces contraintes.

Si le dueil m’espoinçonne en ma captivité,
La gloire de languir pour si chere beauté
Triumphera du fort ennemy de ma vie.

Soucis ne changer point vostre premier sejour,
Car j’ayme mieux mourir pour ma belle ennemie,
Que vivre sans douleur et n’avoir point d’Amour.

XLIV.

Destins qui ourdissez la trame de mon jour,
Si vostre loy m’oblige à servir ma rebelle,
Que ne la fiftes-vous ou plus douce ou moins belle,
Ou pourquoy suis-je, helas ! si sensible en Amour ?

Soleil qui peux tout voir lors que tu fais ton tour,
Vis-tu rien de si beau, et si perfide qu’elle ?
Mais las ! vis-tu aussi une ame si fidelle,
Et en’qui la douleur fit plus ferme sejour ?

Si l’on va preferant la grandeur au merite,
Mon infortune donc n’aura point de limite,
Que celle de ma vie ou de son souvenir.

Soleil fais voir au moins ma confiance et ma gloire,
Destins gravez mon nom au temple de Memoire,
Si l’on peut par Amour immortel devenir.