Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/104

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Ton flot qui galouilloit n’estoit point argenté,
Que pour le seul flamber du soleil qui m’esclaire.

Amour pour me blesser tu n’avois point de traits,
Que son regard pompeux de mille doux attraits,
Dont le charme vainqueur tient mon ame asservie.

Mais Soleil, vous flambeaux, vous cristal, vous Amour,
Si vous n’aviez de traits, de beauté, ny de tour,
Sans elle ainsi que vous je n’avois point de vie.

L.

Que ne me rendis-ru ou muet ou sans vie,
Premier que d’offencer cette chere beauté ?
Mais eus-je bien, ô Ciel, autant de cruauté ?
Amour ce fut un coup de ta jalouse enuie.

Cest œil chasie et divin qui m’a l’ame ravie,
Faisoit estinceler une douce clarté,
Qui semblait seulement que ma belle ennemie
Laschast ses doux regards pour ma félicité.

Maintenant que ma langue indiscrerte et cruelle
A fait rougir le teint de ma chere rebelle,
Par le ressentiment d’une juste douleur,

Ses regards sont changez en esclairs de colere,
Et je vis ? mais ô ciel, si j’ay peu luy desplaire,
Que ne m’arraches-tu et la langue et le cœur !