Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/105

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LI.

Las ! qu’il est mal-aisé de peindre sur le front
Un doux contentement quand l’ame est affligée,
De moy dont Amour tient la franchise engagée,
Mon plaisir le plus cher est un soucy profond.

Ceste fiere langueur qui me lune et me rompt,
Depuis que ma fortune est tristement changée,
C’est le point le plus doux où mon ame rengée
Donne un triste air au mal que ses pensers luy font.

Souvent pour adoucir la rigueur de ma peine,
Mon ame, helas ! oppose à sa rage inhumaine
Le chaste souvenir du Soleil de mes jours.

Mais par ses vains efforts ses fureurs empirées
Semblent un fleuve ondeux dont les vagues irées
Renversent les rampars qui arrestent son cours.

LII.

Au cristal de ton front rien ne se parangonne,
Et ton sourcil ne cede au croissant argenté,
Ton œil est un Soleil unique en sa beauté,
Et ta face un printemps qui toujours refleuronne.

Tes leures sont d’appas dont l’esprit s’empoisonne,
Et un charme ta voix qui prit ma liberté,