Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un albastre ton sein où te vis arresté,
Et l’or de tes cheueux le nœud qui m’emprisonne.

Ta main peut despouiller de franchise les Dieux
Et ton astre jumeau donner lumiere aux cieux,
Et ta face au printemps voir beauté nouvelle.

Bref tu es de mon Roy l’empire et le fejour,
Et parmy tes attraits, doux miracles d’Amour,
Tu n’as rien d’imparfaict que le nom de cruelle.

LIII.

Ceste belle Cleande amoureuse guerriere,
Dont l’œil armé d’attraits et d’appas gracieux
Dispute avec Amour et l’empire des cieux,
Et les autels du monde à ses loix tributaire :

Ceste aube qui fait honte à l’aube matinière,
Et qui assubietit les plus superbes Dieux,
Ce teint tousjours vermeil qui prend victorieux
Le mirthe sur le front de la belle escumiere :

Cest ebene vouté que pare ce sourcy,
Ce front qui fait renaistre et mourir mon soucy,
Et ce corail jumeau qui attise ma flame :

Bref, (Amour, se peut-il) Cleande et ses appas,
Sera loin de mes yeux et je ne mourray pas,
Aussi ne vis-je point, ou bien je vis sans ame.