Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/295

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Cleande, mon soucy, mon bien, mon tour, ma vie,
Qui m’avoit si longtemps ta presence ravie ?
Et quel Dieu favorable à mon chaste desir,
Fait qu’un pudique espoir me vient ores saisir ?
Je te vois, mais helas ! tousjours fiere et cruelle ;
Tu me vois, mais helas ! tousjours pour toy fidelle.
Ciel pourquoy loges-tu dans ses yeux tant d’appas,
Si leur regard vainqueur est suivi du trespas ?
Hé ! s’ils estoient moins beaux j’aurois moins de supplices ;
Mais imployable Ciel tu es de ses complices.
Et vous chere Cleande, et Soleil de mon jour,
Serez-vous donc rebelle aux douces loix d’Amour ?
Pourrez-vous insensible, ou voir mes yeux en larmes,
Et aux plaintes ma bouche, et mon cœur aux alarmes
Dont vostre cruauté me combat à tout point,
Sans que d’un trait piteux voste cœur soit espoint,
Cruelle, mais helars !par trop chere à mon ame ?
Tu te ris, ô Amour, ô rigueur ! de ma flame !

Cléande

Adieu Silvandre, adieu.

Silvandre

Adieu Silvandre, adieu.Ma nymphe escoute moy,
Cleande arreste un peu (Las ! trop ingrate foy)
Hé ! ne fuy pas si tost, j’ay failly, je t’advoue :
Mais la triste douleur qui fiere me secoue,
A lasché ceste plainte au deceu de mon cœur.
Non tu n’es point cruelle, ainçois rien que douceur