Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/296

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Non tu n’es pas farouche : ainçois tousjours la grace
Suit tes vainqueurs regards et adoucit ta face ;
Ne fuis donc plus, belle ame, et piteuse reçois
Les vœux de mon desir esclave de ses loix.

Cléande

Pourquoy m’appelles-tu impiteuse et cruelle,
Insensible en Amour, et à son joug rebelle ?
J’ignore son pouvoir et libre de ses rets
Solitaire je vis dans ces vertes forests,
Heureuse : ouy, si le soin qui lime ma pensee
Ne devoroit mon ome et nuit et jour pressee.
Un seul object me plaist et de luy seulement
Renaist mon doux repos et mon aigre tourment,
Tourment qui m’est si cher que seul je le prefere
A tous autres plaisirs de ce lieu solitaire.

Silvandre

Heureux, trois fois heureux ce Berger qui parfaict
Sert d’idole à ton ame, et à tes yeux d’object.

Cléande

Tu te trompes, Silvandre.

Silvandre

Tu te trompes, Silvandre.He ! comment, ma Deesse ?

Cléande

Ce n’est point d’un Berger que le sousy me blesse.