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ACTE II


Scène 1

Cléande

Las ! qu’il est mal-aysé de feindre une rigueur
Pour l’object amoureux qui s’est rendu vainqueur
De nostre liberté ! cent fois dessus ma face
J’ay peint mille rigueurs de mespris et de glace,
Et lasché ma parolle avec mille desdains
Toutes fois ces efforts et debilles et vains
N’ont estouffé le soin qui ronge ma pensee ;
Ains mon ame depuis plus vivement pressee,
Lasche mille souspirs tesmoins de mon amour,
Et soit que le Soleil nous redonne le jour,
Ou fort que la nuit sombre à la clarté succede,
Tousjours ce cher souci doucement me possede :
L’idole du bel œil qui tient ma liberté
Captive soubs le joug de sa chere beauté
Erre dans ma pensee : et un moment ne coule,
Qu’un doux torrent de pleurs sur ma face ne roule,
Au chaste souvenir du fidelle Berger,
Qui doubs sa volonté sceut si bien me ranger.