Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/307

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Loin de luy je ne vis sinon pour la souffrance,
Et mon ame gemit dessoubs la violance
De mes ardants souspirs : si qu’un jour seulement
M’est un siecle d’ennuie, tant son esloignement
Est fascheux à mon ame à ses loix asservie :
Mais ja le jour se leve, et l’aurore suivie
Du Soleil renaissant qui tout honteux reluit,
Des-ja fait escarter les flambeaux de la nuit :
Allons dans ces forests où le Beger Silvandre
Battu de mes rigueurs a coutume d’espandre
Les larmes de ses yeux, et tristement nommer
Cruelle, ma beauté qui le sceut enflamer ;
Quittons l’aigre selour de ces tristes campagnes,
Et solitaire hantons ces bois et ces montagnes,
Possible le verray-je en quelque antre moussu,
Ou au pied d’un rocher superbement bossu,
Lascher mille souspirs, et d’une voix plaintive
Exprimer sa langueur ; ou couché sur la rive
De quelque clair ruisseau, attandre que la mort
Estouffe son martire, ou qu’il change de fort.


Scène 2

Silvandre, Cléande.
Silvandre

Il est temps de mourir puis que mon homicide,
Imployable à mes vœux, inhumaine et perfide,