Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/310

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O favorables Dieux ! ô heureuse journee !
Où je vais ma langueur doucement terminee,
Au point que la rigueur de mon fier ennemy
Me desroboit mes jours obscurcis à demy :
Mais est-ce toy, Cleande, ou si c’est vite feinte ?
Arriere sain soupçors et importune crainte,
Qui aigris la douceur de mon contentement,
Enuieuse qu’Amour finisse mon tourment.
Mais allons, ma Cleande, en un prochain nuage,
Où des cristal qui murmure enfuyant,
Va des poignants soucis les cœurs desennuyant,
Là je te conteray, belle et douce ennemie,
En quel point ton amour avoit reduit ma vie.


Scène 3

Philis, Calidon.
Philis

Insensé fut celuy qui premier hommagea
Cest aveugle titan, et qui premier rangea
Sa douce liberté au joug de sa puissance :
On cesse d’estre Roy de son obeissance,
Si rojt que ce cruel ennemy du repos
Par le trait d’un regard se glisse dans les os.