Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/311

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De moy je ne crains point ses feux ny ses sagettes,
Car je tiens soubs ma loy mes volontez subjectes,
Nul ne va maitrisant mon pudique desir,
Et mon ame se paist de tout chaste plaisir :
Ores par le sentier d’une ombreuse ramee,
J’entretiens mes pensers, or mon ame charmee
Par le doux gazouillis d’un million d’oyseaux,
Qui au plasant murmur des gazouillardes eaux
Marient leurs accords, au sommeil se relache,
Ores quand le Soleil vers l’Occident se cache,
Mon œil espris admire un œillet rougissant,
Une roze vermeille, ou un lis blanchissant,
Tantost l’esmail nouveau d’une verte prairie,
Tantost d’un beau verger la richesse fleurie ;
Ainsi libre des nœuds de ce volage Amour,
Entre mille plaisirs je vois couler mon jour.
Toutesfois la douceur de la gaye verdure
S’enaigrit par les loix de ceux à qui nature
Oblige mon vouloir, car il me faut ranger
Soubs leur cruel desir pour un sascheux Berger,
Sot, s’il croit que je l’ayme, et toutes fois mon ame
Feint de brusler pour luy d’une amoureuse flame :
Ainsi le veut helas ! la rigueur de mon fort.

Calidon

Las ! quand ancrerez-vous à un paisible port
La nef de mon desir, et quand sur le nuage
Me verrai-je à l’abri des vents et de l’orage,