Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/313

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Dans un sale repos, ains qui par les campagnes,
Dans les herbeux valons, et dessus les montagnes
Fait paistre ses brebis, ainsi hors de prison
Il paie doucement sa plus verte saison.

Calidon

Mais que peut un Berger avecque sa houlette,
Puis que Jupiter cede à sa douce sagesse,
Et Mars environné de mille bataillons,
S’empestre aux doux liens des dorez crespillons
De la belle Cipris, Pan dans les forests sombres,
Neptune soubs les eaux, et dans les noires ombres
De l’Enfer tenebreux Pluton mesme ressent
Les traits de ce vainqueur qui le vont traversant ?

Philis

C’est en vain Calidon que ton ame s’efforce
D’alecher mes desirs soubs la pipeuse amorce
De ce Dieu presumptif, car je n’estime pas
Qu’il y ait dans le Ciel, dessoubs l’onde, ou là-bas,
Un Dieu si ennemy de l’honneur des Bergeres.
Estouffe tes desirs à l’Amour tributaires,
Et reprands desormais ta douce liberté.
De moy je ne cognois autre divinité
Que la chaste Diane idole de mon ame,
Que seule à mon secours dans ce bois je reclame :
Mais, adieu, Calidon, l’heure me va pressant,
Dissipe les ennuis qui te vont oppressant,