Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/314

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Chasse ce triste soin qui lime ta pensee,
Et releve ton ame indignement pressee
Soubs la fiere langueur qui trouble ton repos :
Mais ne te flatte point, et dessus mes propos
Ne fonde aucun espoir, car jamais mon envie
Ne sera soubs le joug de l’Amour asservie.

Calidon

Ha ! Philis, ô Amour ! impitoyables Dieux !
Pourquoy me forcez-vous d’idolatrer les yeux
De l’ingrate Philis ? Philis de qui la veue
Par le trait d’un regard me ravive et me tue ?
Si un captif respire aux nuits de sa prison,
C’est par l’espoir flateux dont la douce poison
Enchante ses soucis : mais las ! ceste inhumaine
Me desfend d’esperer allegeance à ma peine ;
Ha ! que ne fut le jour ma captivité
Le dernier de ma vie, ou pourquoy sa beauté
Qui me tient asservie ne me parut moins belle,
Ou que n’est son vouloir moins farouche et rebelle
Aux douces loix d’Amour ? Ha ! fort malicieux,
O Ciel impitoyable ! ô Amour enuieux !


Scène 4

Satyre

Espris d’un nouveau feu qui devore mon ame,