Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/336

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Ne fait luire sur toy les doux rais de ta veue,
Las ; quel autre Soleil dissipera la nue
De tes fiers desplaisirs ? las ! Mais j’entends du bruit,
Posible mon Soleil vient dissiper ma nuit.
Las ! non, c’est Calidon, cachons-nous soubs l’ombrage
De ces Ormeaux fueilleux.

Calidon

De ces Ormeaux fueilleux.Enfin j’ay fait naufrage,
Mon defir a fait bris contre le fier orgueil
De Philis, en Amour in insensible escueil ;
Ma langueur, mes soupirs, maint deuct sacrifice,
N’a peu rendre à mes vœux sa cruauté propice,
Son bel œil qui estoit mon unique flambeau,
Conduit mes tristes jours au funeste tombeau.
Car pressé du regret d’avoir trainé ma vie,
Au pouvoir de l’Amour sainctement asservie,
Pour l’ingrate beauté qui desdaigne mes vœux,
Je me rends pour tribut au destin rigoureux.
Mais paravant que voir de ma triste journee
Au point de l’occident la carriere bornee,
Je veux dessus le front de ce jeune arbreau,
Graver ces trystes vers : Philis fut le flambeau,
Dont la beauté jadis attisa mon envie,
Maintenant sa rigueur triomphe de ma vie.
Et toy, grand Jupirer, qui tiens dedans ta main
Le trait d’un foudre aigu dont le coup est certain,
S’il est vray que l’encens d’un devot sacrifice