Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/356

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Ha ! que ne meurs-je, ô Cie ! ou que ne puis-je, helas !
Donner à ce barbare un barbare trespas,
Cesser d’estre Cleande et me changer en ourse,
Pour deschirer ce monstre ! Ha ! larmoyante source,
Mon œil, que t’ont ferut tant de chastes attraits,
Pour captiver Slvandre, et te rendre subjects
Ses pudiques desirs, si ce monstre barbare
Te l’emporte si loin, le ravit et l’esgare ?
Ha ! mon œil autresfois l’unique et doux sejour
Du cœur de ton Silvandre, un second Dieu d’Amour,
Que t’ont servi ces feux, ains victorieux charmes,
Si tu n’as maintenant que d’inutiles larmes ?
Ha ! cille-toy mon œil d’une eternelle nuit,
Puisque ton doux Soleil dessus toy plus ne luit.


Scène 3

Silvandre, Tirsis.
Silvandre

Agreable Soleil qui luis sur l’orison
De la beauté qui tient les clefs de ma prison,
Trois fois je te salue, et vous terre natale
De celle dont l’absance à mon ame est fatale,
Et vous sombres forests, dont l’aimable sejour
Fut le premier tesmoin de mon pudique Amour,