Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/357

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Je vous salue aussi : des-jà ma belle aurore
Luit à mes tristes yeux, à son œil que j’adore
Par les traits d’un regard va dissipant les nuits
Et les mortels assauts de mes tristes ennuis.
Allons mon cher Tirsis.

Tirsis

Allons mon cher Tirsis.Helas ! que ton absance
A fait naistre de maux, d’ennuis et de souffrance
A ta chere Cleande ! un jour tant seulement
Ne s’est coulé depuis ton triste eslongnement,
Que son œil n’ait baigné son visage de larmes.

Silvandre

He ! Tirsis, quels assauts, quelles dures alarmes,
Ay-je souffert aux nuits de ce chaste Soleil ?
Combien de fois mon mal a fait que le sommeil
Loin de mes tristes yeux a guidé sa volee ?
Combien de fois mon ame ardemment affolee
D’un pudique desir de revoir sa beauté,
A gemy soubs le dueil ? Je fuyais la clarté,
Tout ainsi qu’un hibou, et ma triste pensee,
Entre mille soupçons fierement balancee,
Au naufrage parfois portoit mon cher desir,
Puis par l’espoir flateux je me sentois saisir :
Ainsi pressé tousjours de cent jalouses craintes,
J’ay poussé vers le ciel le trait de mes complaintes,
Et tristement privé du beau jour de son œil,
Je ne me suis repeu que de pleurs et de dueil.